Soutenance de thèse de Laurent BORZILLO
Monsieur Laurent BORZILLO a soutenu sa thèse « Les forces expéditionnaires bi/multinationales en Europe: analyse comparée des politiques d’alliance de la France et de l’Allemagne (1991-2016) » le vendredi 21 février 2020 à 14h30 à la Faculté de Droit et de Science politique, Université de Montpellier, 39 rue de l’Université 34060 Montpellier Cedex 2, Salle : des actes. Dirigés par Monsieur Jean JOANA et Monsieur Frédéric MERAND
Co-tutelle avec l’université « Université de Montréal » (CANADA)
Composition du jury proposé
- M. Thomas LINDEMANN, Université Versailles Saint-Quentin. Rapporteur.
- M. Stephan MARTENS, Université de Cergy-Pontois. Rapporteur.
- Mme Laurie BEAUDONNET Université de Montréal. Examinateur.
- M. Hubert PERES Université de Montpellier. Examinateur.
- M. Jean JOANA Université de Montpellier. Directeur de thèse.
- M. Frédéric MÉRAND Université de Montréal. Co-directeur de thèse.
Mots-clés : analyse comparée de la politique étrangère,armée européenne,brigade franco-allemande (BFA),France et Allemagne,groupements tactiques de l’Union européenne (GTUE),politiques publiques d’alliance
Résumé :
Pourquoi des États créent-ils des forces expéditionnaires bi/multi-nationales ? Pourquoi celles-ci ne sont pas utilisées au final ? L’objectif de cette thèse est d’apporter une explication à ce paradoxe, illustré parfaitement par la brigade franco-allemande et les groupements tactiques de l’Union
européenne. Bien que ces deux unités ne soient pas les seules en Europe pouvant être qualifiées de forces expéditionnaires, nous avons décidé de choisir ces deux cas d’études, afin d’analyser également à travers les mesures relatives à celles-ci, les processus décisionnels tant en France qu’en Allemagne. Nous nous sommes par conséquent focalisés sur ces unités et sur les politiques d’alliances à l’origine de celles-ci. Concrètement notre recherche s’inscrit dans la lignée des
travaux portant sur les alliances, mais également au sein du champ de l’analyse comparée de la politique étrangère. L’explication théorique développée pour expliquer les décisions étudiées s’appuie sur la théorie des rôles de Kal Holsti. Selon nous les décisions ne sont prises que par un groupe limité d’acteurs et résultent des rôles auxquels ces derniers adhèrent pour leur pays. Des arrangements institutionnels, ainsi que des conflits et des rapports de force modèrent ces rôles. Par ailleurs, en cas de décision ayant une portée institutionnelle, on constate une dépendance au sentier vis-à-vis d’anciennes mesures. Les décisions en faveur de la brigade franco-allemande et des groupements résultent in fine de la domination des rôles de promoteur du renforcement des capacités militaires européennes et d’allié fidèle, parmi les acteurs à l’origine de ces décisions. D’autres rôles présents en France et en Allemagne tendent au contraire à freiner l’emploi de ces unités, en particulier celui de grande puissance (pour la France) et celui de puissance civile (pour l’Allemagne). Plusieurs rôles coexistent en effet au sein de chaque appareil décisionnel et chacun voit son poids en termes d’influence fluctuer. Ceci résulte de la variation selon les décisions
étudiées des acteurs impliqués, ainsi que des luttes et des rapports de force entre eux. Notre thèse se divise en sept chapitres. Dans les trois premiers, nous reviendrons sur la littérature consacrée aux forces étudiées et aux alliances, sur notre méthodologie, ainsi que sur les relations internationales en Europe des trente dernières années. Les parties suivantes traitent de l’évolution de la brigade franco-allemande en force expéditionnaire, de la création des groupements tactiques, des choix de partenaires au sein de ceux-ci et enfin du non-emploi de ces troupes militaires. Ces différentes thématiques constituent les quatre chapitres empiriques de notre recherche. En conclusion de celle-ci, on peut estimer que les chances de déploiement des unités étudiées dans les
années à venir demeurent plutôt faibles. L’explication théorique développée pour ce travail et basée sur la théorie des rôles offre également un outil de compréhension du fonctionnement des appareils politico-militaires français et allemands. Validé pour cette analyse, il lui reste désormais à
être testé sur d’autres cas d’étude et États.