Soutenance de thèse de Arthur GROZ
Monsieur Arthur GROZ a soutenu sa thèse « L’Institutionnalisation des nouveaux partis contestataires d’Europe du Sud au prisme des carrières militante. Une étude comparée de Syriza, Podemos et de la France insoumise » le mercredi 10 juin 2020 à 14h.
Résumé :
Suite à la crise financière de 2007-2008, de nouvelles organisations partisanes émergent, notamment dans les pays d’Europe du Sud les plus touchés, telles que Podemos, Syriza et la France Insoumise. Revendiquant un véritable programme de transformation sociale, comme les partis contestataires traditionnels, ces organisations anti-austérité vont rapidement être confrontées à l’exercice du pouvoir (en Grèce et en Espagne), et à un processus d’institutionnalisation concomitant avec leur inscription dans le paysage politique national, phénomène déjà connu des partis de gouvernement.
Or, si le profil des électeurs de ces nouveaux partis contestataires a pu être étudié, leur dynamique d’institutionnalisation n’a pas véritablement fait l’objet d’une investigation sociologique comparative.
Ainsi, à partir de trois enquêtes de terrain mobilisant des entretiens et des séquences d’observation directe, réalisées auprès des militants de ces nouveaux partis contestataires à Barcelone (Podemos), Athènes (Syriza) et Montpellier (La France Insoumise), il devient possible d’analyser et de comparer le processus d’institutionnalisation de ces trois partis au prisme des carrières militantes.
S’appuyer à la fois sur les outils de la sociologie de l’engagement et sur ceux de la sociologie des organisations partisanes permet de montrer que l’institutionnalisation opère un tri entre les militants : tandis que les uns, fortement dotés en capital social et culturel, se professionnalisent et gravissent très rapidement les échelons de la hiérarchie partisane, les autres, dont les ressources sont plus limitées, peinent à trouver un rôle dans ces partis, et, en l’absence de rétribution de leur engagement, peuvent être progressivement amenés à les quitter.
Dans ces conditions, ces nouvelles organisations partisanes questionnent les typologies des partis politiques existantes, puisqu’elles combinent le turn-over des militants propre aux partis contestataires, et la professionnalisation des cadres des partis de gouvernement. Ainsi se dessine potentiellement un nouveau modèle partisan, le « parti contestataire professionnalisé ».