Menaces sur l’avenir du CEPEL : communiqué suite à l’attaque brutale, injuste et délétère contre notre unité
Ce 5 novembre 2024, au détour d’une simple conversation téléphonique, le CNRS a signifié au CEPEL, UMR 5112 CNRS-Université de Montpellier, son passage en tutelle secondaire dès le 1er janvier 2025, et à terme son retrait comme tutelle en 2026. Le laboratoire vient de fêter ses 40 ans et est en pleine préparation du dossier d’auto-évaluation en vue de la visite HCERES, l’année prochaine.
Cette annonce a sidéré la totalité des personnels chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants et administratifs qui protestent aujourd’hui solennellement contre sa brutalité, sa précipitation et son absence de justification scientifique. Par là-même, le CNRS expose ses agents à de sérieux risques psycho-sociaux qu’il se plaît à dénoncer par ailleurs.
L’empressement avec lequel le CEPEL est ainsi attaqué, avant même d’avoir été évalué, sans même vouloir lui laisser achever le contrat quinquennal dans lequel il était engagé, sans même lui laisser présenter et mettre en oeuvre le projet de renouvellement qu’il élaborait collectivement, sans même le début d’une concertation quant à son devenir, dépasse l’entendement.
Le CEPEL fait certes partie de ces laboratoires SHS en région où les chercheurs CNRS sont en nombre réduit (ici 2 DR proches de la retraite). On aura toujours le loisir de pointer son défaut d’attractivité et de l’imputer à tel ou tel aspect de stratégie ou de gouvernance. Mais les évaluations dont il a fait l’objet établissent, dans la durée, un tout autre constat : celui d’une unité reconnue, localement soutenue, dont le sérieux, l’engagement, la qualité, la productivité et les capacités de financement ont toujours été salués, de même que son rôle majeur dans la stratégie de Montpellier Université d’Excellence, dont le CNRS est pourtant partie prenante. Les membres du CEPEL savent toutes et tous que ces qualités n’auraient jamais pu être soulignées sans le soutien humain, administratif et logistique du CNRS et de ses personnels, aujourd’hui désemparés. Aucun déficit scientifique n’existe pour justifier le besoin d’un tel retrait.
Le laboratoire a été privé depuis 25 ans (au siècle dernier !) d’un recrutement de chercheur CNRS. Dans la même période, les ressources n’ont cessé d’être concentrées, année après année, vers un nombre réduit d’unités, essentiellement franciliennes. Cela signifie que le CNRS a abdiqué sa mission proprement nationale, sur fond de malthusianisme austéritaire, et en tournant le dos à sa vocation. Il fabrique alors le déficit d’attractivité qu’il reproche ensuite à des laboratoires asphyxiés, tributaires d’éventuels mouvements de chercheurs qu’ils ne contrôlent pas. Les ressources nécessaires à notre pérennité sont pourtant extrêmement modestes. Mais ces tout derniers temps, à rebours des signaux envoyés, une stratégie systématique mais non assumée de non-soutien a ciblé le CEPEL. Le mépris avec lequel il a depuis lors été traité se retrouve jusque dans les formes par lesquelles cette décision catastrophique a été transmise.
Ce choix de courte vue contribue à affaiblir nationalement les SHS dans leur ensemble : combien d’unités sont dans une situation comparable à la nôtre ? Le CEPEL est historiquement la seule UMR à dominante de science politique au sud d’une ligne Bordeaux-Grenoble : faut-il encore affaiblir ce que le ministère nomme lui-même une « discipline rare » à préserver ? La Faculté de droit et de science politique où il opère venait de perdre son autre UMR : au nom de quel acharnement devrait-on encore frapper cette composante ?
Nous, personnels chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants et administratifs, demandons que le CEPEL demeure une UMR CNRS-UM, qu’il puisse défendre sereinement son bilan scientifique et son projet afin de poursuivre, avec et pour le CNRS, sa mission de service public de la recherche, à Montpellier comme ailleurs.
Les membres du CEPEL