Florian Lieutaud
Présentation du projet de thèse :
En 1978 à Alès, ancienne ville minière du Gard, fut fondée la Clède, une association privée à but non lucratif, exerçant dans le milieu social et médico-social des missions « d’accueil, d’accompagnement et d’insertion sociale et professionnelle de personnes en danger ou en situation d’exclusion sociale ». Ce secteur d’activité, historiquement issu de la charité religieuse et de la philanthropie, est progressivement entré dans le giron de l’Etat-providence au début du XXème siècle pour devenir un véritable service public.
Le travail social (et médico-social) mais aussi les agents publics et privés qui l’incarnent constituent en somme l’intermédiaire institutionnel entre la société et les surnuméraires (Castel, 1995), poursuivant l’ambitieux objectif de « réinsérer » les « exclus ».
Cependant, nombreuses sont les tensions qui traversent et distendent le canevas du travail social. Les politiques publiques sont aujourd’hui largement critiquées par des travailleurs sociaux qui n’y voient souvent guère plus qu’une course à la rentabilité et une chasse aux déficits, tout en déplorant un assèchement des moyens humains et financiers. Dans une société qui conçoit l’intégration de ses membres par le travail tout en multipliant les injonctions à une vie saine, la portée de la notion de déviance semble s’étendre continuellement, tant elle trouve d’accroches parmi les plus précaires.
Adossés à un grand nombre d’idéaux, guidant leur action tel un mantra (bienveillance, empathie…), les travailleurs sociaux entendent porter leurs publics vers la norme sociale, la santé, l’autonomie, la citoyenneté. Ces notions aux contours flous et pour le moins malléables constituent néanmoins des objectifs pour les travailleurs sociaux, qui les brandissent peut-être en recherchant, au fond, un accomplissement professionnel et moral, contrepartie d’un lourd engagement émotionnel qui s’avère aussi épuisant.
En référence aux travaux de Robert Castel, l’objectif de cette recherche consiste peut-être en une compréhension différente des problèmes de la pratique afin d’espérer gagner une meilleure maîtrise sur eux.
Sous la direction de Geneviève Zoïa