Soutenance de Thèse de Anne-Sophie Pilarski

Madame Anne-Sophie PILARSKI a soutenu publiquement ses travaux de thèse intitulés « La profession maïeutique ou l’art du risque mesuré. Une sociologie du gouvernement des grossesses en France« , dirigés par Monsieur Laurent Visier et Monsieur François Buton, le vendredi 13 décembre 2024 à 9h00, à la Faculté de Droit et Science Politique de Montpellier, Salle Justitia.

Composition du jury proposé

M. Laurent VISIER – Université de Montpellier – Directeur de thèse

M. François BUTON – CNRS ENS de LYON – Co-directeur de thèse

M. Philippe CHARRIER – Nantes Université – Rapporteur

Mme Priscille SAUVEGRAIN – Sorbonne Université – Rapporteure

Mme Laura MICHEL – Université de Montpellier – Examinatrice

Mme Anastasia MEIDANI – Université de Toulouse – Jean Jaurès – Examinatrice

Mots-clés : profession maïeutique, surveillance prénatale, professionnalisation, empowerment, technicisation, care/cure

Résumé :

Cette investigation sociologique du travail des sages-femmes dans le contexte de la surveillance prénatale en France offre un éclairage sur les mécanismes d’appropriation professionnelle de cette activité. L’approche méthodologique, ancrée dans une perspective multidimensionnelle, conjugue les apports de la sociologie du travail et des professions et de l’action publique « pas le bas », s’appuyant sur une démarche ethnographique multisituée. L’analyse sociohistorique de la profession depuis le XVIIIe siècle révèle une trajectoire non linéaire, alternant expansion et restriction juridictionnelles. Après une consolidation au XIXe siècle, le XXe voit une érosion des prérogatives au profit des spécialités médicales émergentes. Le début du XXIe siècle amorce une réappropriation de compétences, dans un contexte de tension démographique médicale et de mobilisations collectives. L’identité professionnelle des sages-femmes se caractérise par une position interstitielle entre cure/care et médical/paramédical. La bureaucratisation et le développement de la recherche en maïeutique sont vus comme des stratégies de légitimation. L’étude des interactions sages- femmes/patientes, à travers le concept d’agency, montre comment l’évolution professionnelle favorise l’empowerment des usagères. La « proximité » émerge comme trait caractéristique, atténuant l’asymétrie expert-profane. L’analyse des pratiques révèle une articulation cure/care et une intégration critique du raisonnement probabiliste et de la technicisation. La nature prudentielle de l’activité est soulignée, caractérisée par l’adaptation aux singularités et une gestion fine des risques, positionnant les sages-femmes comme professionnelles de la vulnérabilité plutôt que simples garantes de la physiologie. Les apports de cette recherche incluent l’analyse de la position spécifique des sages-femmes dans l’écologie professionnelle du système de santé, l’examen de l’extension de leur juridiction, et leur approche nuancée de la technicisation des soins. Cette étude contribue à éclairer les dynamiques de transformation des professions de santé et souligne la pertinence d’appréhender la profession maïeutique comme un prisme analytique des enjeux contemporains de santé publique et de reconfiguration du champ médical.